source : http://lexplicite.wordpress.com/2013/11/18/tributum-ad-cedrum-libani-hommage-aux-cedres-du-liban/
"Tributum ad Cedrum Libani – Hommage aux Cèdres du Liban
par csapin
« Si vous avez compris quelque chose au Liban, c’est qu’on vous l’a mal expliqué. » Henry Laurens
Je n’ai jamais manqué une occasion de
critiquer mon pays – surtout ses dirigeants – sur le plan politique,
social et parfois juridique. La veille de son 70ème
anniversaire d’indépendance je change de style de plume, ne serait ce
qu’une fois, et ce pour lui rendre hommage sans pour autant basculer
dans un lyrisme à l’eau de rose. A vrai dire, après quelques séjours à
l’étranger, confronté à de nouvelles sociétés et traditions, on comprend
mieux ce qu’est être Libanais.
La fierté du Liban est loin d’être ses
soirées festives, ses quatre saisons, son art culinaire cosmopolite ou
son caractère orientalement occidental. La fierté du Liban n’est
surement pas son échec politique actuel ou certaines périodes noires de
son histoire marquées par la guerre et les divisions. La fierté du Liban
n’est heureusement pas non plus son impuissance face aux forces de la
scène politique régionale.
Le passeport libanais est classé parmi
les derniers de sa catégorie, et pourtant vous trouverez des libanais
dans les quatre coins du monde. Si vous voyagez, ils peuvent souvent
vous donner l’adresse d’un oncle au Québec, d’un cousin à Rio, d’une
tante à Paris, d’un fils en Californie ou encore d’une sœur à Sydney.
En passant, il saisira toujours l’opportunité de vous rappeler que
Beyrouth a été élue l’une des villes les plus intéressantes à visiter,
et le cas échéant, qu’elle devance votre capitale dans le dernier
classement.
En arabe, français, anglais ou encore
espagnol, ils sauront prier un chapelet avec vous, vous indiquer où est
la Mecque et parfois même vous convaincre de leur athéisme.
Un Libanais ne comprendra pas comment
dans les rues d’une superpuissance, on peut trouver des clochards
délaissés, sans abris ni nourriture. Il vous sortira toujours dans une
de ses histoires un « durant la guerre de 2006 » ou « le lendemain de
l’attentat » avec un sourire pour soulager votre air perplexe.
S’il est polyvalent et tenace, ce n’est
pas par discipline, loin de là. Lorsque la voiture piégée sautait dans
son quartier, sa soutenance orale était toujours maintenue ; lorsque les
bombes tombaient sous le ciel de Beyrouth, il fallait quand même se
présenter au travail le lendemain ; lorsque le deuil national était
déclaré suite à un attentat, les échéances ne pouvaient être décalées.
Commerçant et bon parleur, un Libanais
vendra toujours ce qu’il a dans son panier s’il le faut. Toutefois,
c’est avec sincérité qu’il insistera à vous inviter à diner, boire ou
pour un dessert. Même affamé, il refusera de se poser à table si vous ne
mangez pas avec lui.
Emigrant de souche, un Libanais admet que
son pays n’a –malheureusement- pas grand chose à lui offrir en ces
temps de crises. Il a compris que c’est désormais à lui de voir quoi lui
offrir, tout comme un fils qui demeure reconnaissant à ses vieux
parents, même si ces derniers ont failli à leur devoir.
Pour un pays qui abrite plus d’un million
de déplacés syriens (soit 30% de la population) dans quelques 10 452
Km2, des camps palestiniens et ce en l’absence de gouvernement sans
compter la nébuleuse crise économique, le Liban s’en sort la tête bien
haute.
Le Liban est taxé de nombreux préjugés
que ses ressortissants à l’étranger s’efforcent quotidiennement
d’élucider. Même si la fierté nationale n’est point à son apogée en ce
moment, la jeunesse libanaise, cette élite des citoyens du monde, est en
gestation pour rentrer au pays le moment venu et le faire renaitre de
ses cèdres.
Mario Macaron"